À l’approche du « Kigali Genocide Memorial (KGM) », situé à Gisozi, je savais pertinemment qu’une partie importante du Rwanda y était retracée à l’intérieur. En dépit de cela, je sentais ne pas avoir réellement pris la mesure de ce que la période comprise entre avril et juillet 1994 représente pour les 12 millions de rwandais présents sur le territoire à ce jour.
C’est la raison pour laquelle de nombreuses questions, pouvant pourtant paraitre assez basiques après un Génocide, défilaient dans ma tête. Combien de personnes avaient trouvées la mort lors du Génocide? Quelles étaient les principales motivations des génocidaires? De plus, je me demandais quels ont été les moyens employés par le Rwanda pour se reconstruire. Toutes ces interrogations, seul le franchissement de la porte d’entrée du mémorial me permettrait de les lever.
En premier lieu, j’ai visionné des témoignages de rescapés ainsi que de personnes ayant risqués leur vie pour sauver celle des autres. Cela a donc été un début de visite chargé d’émotions, puisqu’il paraissait indéniable au vue des paroles parfois très crues, des gestes mais aussi des regards non sans sincérités de tous ces survivants, que le Génocide commis contre les Tutsis les marquera à tout jamais.
En second lieu, j’ai été guidé vers les salles où les étapes du génocide étaient rappelées. À côté de cela demeurait des images se rapportant aux faits qui étaient décrits. À titre personnel, celles montrant les séquelles que présentent certaines victimes m’ont particulièrement choqué. Honnêtement, ce serait un mensonge que de dire que ma peau ne s’est pas hérissait à ce moment-là.
Dans l’ensemble, la visite d’une pièce m’a davantage marqué que les autres. Ce fut celle dédiée aux enfants. Le fait de voir tous ces visages si innocents et joviaux, en-dessous desquels étaient gravés leurs passions, leurs rêves ou encore leurs plats préférés m’a énormément touché, à tel point que j’ai pris la décision de stopper ma visite tout de suite après. Mes appréhensions étaient énormes avant de mettre les pieds dans ce lieu et malheureusement celles-ci se sont confirmées.
En conclusion, cette expérience m’a beaucoup apporté et m’a été extrêmement enrichissante. Les guides et les nombreux témoignages que j’ai pu lire et entendre ont parfaitement su éclaircir les zones d’ombres qui occupaient mon esprit par rapport à la façon dont s’est déroulé le Génocide. Étant d’origine rwandaise, il était de mon devoir que de me rendre un jour ou l’autre au Mémorial de Gisozi, et cela pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, afin de pouvoir prendre connaissance de la teneur des évènements de 1994 au Rwanda. Ensuite, pour pouvoir me recueillir et par la même occasion rendre hommage aux victimes. Enfin, et ce fut ma plus grande motivation, d’être en capacité de comprendre le rôle primordial et important que tous les citoyens rwandais ont à jouer pour que ce pays prospère, tienne une place forte dans l’Afrique de demain et ne soit plus jamais confronté à la barbarie.
Luccin Bizimana
Etudiant en France
